Dr Cottias - Opération / cheville Syndrome du tunnel Tarsien ou compression du nerf SPI ou tibial à la cheville
Syndrome du tunnel Tarsien ou compression du nerf SPI ou tibial à la cheville
Anatomie :
Le nerf tibial postérieur est situé à l’arrière de la cheville et passe dans un canal fibreux en arrière de la malléole interne. Il s’insère sur le calcanéum, os du pied et relie le muscle du mollet, le triceps sural.
Description et Symptômes :
Le syndrome du tunnel tarsien est rare et correspond à l’équivalence clinique du canal carpien sans être aussi fréquent. Il est en général idiopathique mais peut être favorisé par des entorses à répétition ou des fractures de cheville ou du pied qui modifient l'anatomie du canal tarsien. Les symptômes sont des signes neurologiques : paresthésies, fourmillements, brûlures au niveau de la plante du pied avec une irradiation sous-malléolaire ou rétro-malléolaire voire jusqu'au mollet au des signes d'atteinte sensitive ("pied engourdi", "marcher sur du coton", "os broyés", "hématome / "bleu" ou appui/ coup permanent"...). Il peut se présenter comme une tendinite d’achille ou une aponévrosite plantaire (même avec des signes inflammatoires à l'IRM qui induisent en erreur-faux positif alors que le nerf apparaît sain) , voir comme une maladie de Sever ou même une lombosciatque (lombalgies et douleurs de jambe sans hernie discale à l'IRM).
Il peut s’y associer des douleurs plantaires (douleurs nocturnes, variables avec des périodes de disparition ou d'amélioration, envie de craquer la cheville ou les orteils) vers les 3 premiers orteils. Dans les cas évolués, le patient peut avoir une paralysie des orteils (difficulté d’écartement des orteils ou de flexion, cf photo impossibilité de ramener le 3"eme sur le 4).
Ces symptômes surviennent à la marche ou au sport et la nuit avec des réveils (parfois sensation d'étau ou de garrot). Il y a parfois des histoires anciennes de crampes du pied , des crampes du mollet ou des crampes des orteils ou des crampes des orteils et du pied ou des crampes du pied et du mollet (impression de phlébite : esk 2021 , les patho vasc , vol73, N°2). Il peut s'associer à une compression du SPE au genou et donner un tableau de "lombo-sciatique". Il peut aussi être diagnostiqué dans le cadre d'un névrome de Morton ou d'une déformation en Hallux valgus ("oignon").
Les dysthyroidies, le diabète, les maladies ionflammatoires, et le surpoids (ou obésité) peuvent favoriser ou aggraver ce syndrome.
Diagnostic :
Lors de l’examen clinique, on provoque à la percussion un pseudo-tinel en arrière de la malléole (syndrome irritatif) et une douleur à la supination contrariée du pied (éversion-flexion dorsale). On constate parfois une hyperesthésie ou hypoesthésie (perte de la sensibilité) de la zone rétro-malléolaire, de la plante et des orteils.
Il existe parfois des signes moteurs avec parésie des interosseux (signe de la feuille de papier entre les orteils) ou difficultés de flexion des orteils.
Parfois, les signes sont attribués à une phlébite ou à une insuffisance veineuse ou des varices et l'échodoppler des medecins vasculaires ou angiologues ne retrouvent aucune anomalie vasculaire (retour veineux normal, pas de phlébite ou thrombose).
Le diagnostic est surtout clinique.
On s’aidera de l’électromyogramme qui peut affirmer le diagnostic ou d’un test diagnostic à l’infiltration de corticoides (diprostène ).
On pourra faire une échographie ou une IRM à la recherche de la compression (œdème péri-nerveux ou changement de volume (hypertrophie, sablier, perte aspect fasciculaire) du nerf au niveau du tunnel tarsien ou hypertrophie nerveuse ou d’un kyste compressif.
Il sera en tout cas nécessaire de faire un bilan radiologique standard à la recherche d’une autre cause (déformation arthrosique du pied…) et on éliminera éventuellement une cause rachidienne (hernie discale lombaire). Tous les examens peuvent être normaux (en particulier l'EMG peut être normal) ou montraient des anomalies ininterprétables... ce qui désespèrent le patient.
« Une symptomatologie non classique traitée par neurolyse décompressive : à propos de 119 libérations du nerf fibulaire commun au col de la fibula majoritairement associé à la neurolyse du nerf tibial postérieur au tunnel tarsien », Free article pubmed ou Elsevier: DOI: 101016/j.otsr.2022.103485 .
P. Cottias/ GEM, communication au Palais des Congrès, à Paris décembre 2019 Paris et au 94 ème réunion de la SOFCOT en novembre 2019 et publication dans otsr en 2022, voir ci dessus).
Traitement :
Il est d’abord médical (repos, AINS, glaçage, chaussage) et aussi par infiltration de corticoïdes si l'electromyogramme (EMG) est normal.
En cas de positivité de l'EMG, il est dangereux d'infiltrer compte tenu des risques d'infection post opératoire.
En cas d’échec et de certitude diagnostique, on proposera une neurolyse du nerf plantaire.
L’intervention chirurgicale vise à libérer le nerf de sa compression ligamentaire (comme au canal carpien). Elle est réalisée sous anesthésie générale ou loco-régionale.
Le plus souvent le patient est installé sur le dos. Le chirurgien réalise une courte incision rétro-malléolaire interne.
Evolution :
L’hospitalisation peut être ambulatoire ou de quelques jours suivant la situation :
La cheville peut être immobilisée par une botte en équin (pied vers le bas) ou une attelle pendant 15 jours. Pendant la période d’immobilisation, l’appui est aurtorisé.
Unusual entrapment symptomatology treated in 115 cases by
neurolysis of the common fibular nerve at the fibular head combined
with neurolysis of the posterior tibial nerve at the tarsal tunnel
Pascal Cottias, Nicolas Gaujac, Pierre-Alban Bouché, Philippe Anract
Orthop Traumatol Surg Res, https://doi.org/10.1016/j.otsr.2022.103485
Complications :
La régénération initiale nerveuse peut donner des symptômes transitoires à type d'engourdissement ou d'hypoesthésie du talon et des orteils (voir une hyperesthésie). ces symptômes doivent disparaître petit à petit sur plusieurs mois... (sauf exception comme le diabète...).
Les plus fréquentes :
L’hématome : comme toute chirurgie, il existe un risque d’hématome qui se résorbe en règle générale tout seul. Il peut exceptionnellement nécessiter une ponction évacuatrice ou un drainage chirurgical.
La phlébite peut survenir en dépit d’un éventuel traitement anticoagulant. Il s’agit d’un caillot qui se forme dans les veines des jambes, celui-ci peut migrer et entrainer une embolie pulmonaire.
Des adhérences cicatricielles sont possibles et demandent une prise en charge kinésithérapeutique
Plus rarement :
L’infection profonde est possible. Elle peut nécessiter une nouvelle chirurgie et un traitement prolongé par antibiotiques. Il vous est fortement déconseillé de fumer ou de consommer des substances réprimandées, pendant la période de cicatrisation, le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection, de phlébite et de troubles cicatriciels.
L’algodystrophie est un phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris. Elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois des années), entrainant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois prise en charge spécifique de la douleur. Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles.
Une atteinte nerveuse par persistance de l’inflammation, par neuropathie du nerf tibial postérieur ou par une blessure per opératoire secondaire à des adhérences.
Autres : Syndrome de Loge, plaie artério-veineuse, pyoderma gangrenosum…
Mots clefs :
Tunnel Tarsien – Compression nerf plantaire interne ou tibial postérieur – Neurolyse - Névrite - Douleurs du talon - Difficulté de flexion des orteils – difficulté d’écartement des orteils- Tendinite d’Achille- Aponévrosite plantaire - Crampes du pied - Crampes des orteils - Crampes du mollet - Echoppler - varices - Phlebite - Pied coton - Pied insensible - algodystrophie - fibromyalgie-maladie de Sever