Dr Cottias - Opération / main Canal carpien, syndrome de compression du nerf median au canal carpien
Canal carpien, syndrome de compression du nerf median au canal carpien
Anatomie :
Le nerf médian a pour origine le creux axillaire et a une fonction motrice de l’avant-bras et de la main et une fonction sensitive de la partie latérale de la paume de la main et des doigts.
Description et symptômes :
Il s’agit d’une compression du nerf médian au niveau du canal carpien dans son passage sous le ligament annulaire antérieur. Celle-ci entraîne des engourdissements des doigts, des fourmillements des doigts (paresthésies), le plus souvent au niveau des quatre premiers doigts avec sensation d’ankylose (engourdissements des doigts ou bras lourd, parfois hypersensibilité des doigts n'autorisant aucun toucher), au départ nocturnes, puis souvent à l’effort ou permanents (douleurs variables pouvant aller de l'exacerbation à la disparition). Il peut y avoir des douleurs des doigts et du poignet (craquer le poignet ou craquer les doigts) ou des douleurs des doigts et du coude ou des douleurs du poignet et du coude
D’autres douleurs moins classiques peuvent faire évoquer un syndrome du canal carpien : impression d’œdème du bras ou des doigts, douleurs du rachis cervical (trapèze-cervicalgie simulant une névralgie cervico-brachiale), douleur d’épaule antérieure (simulant un syndrome de conflit sous acromial), sus claviculaire (simulant un syndrome de la 1 ere côte ou syndrome costoclaviculaire ou syndrome des scalènes) ou sein. Il peut s’y associer des sensations de brûlures des doigts ou de froideur (port de gant). Enfin, le motif de consultation peut être isolé ou associant un kyste du poignet ou du doigt, prurit paume (avec même des lésions d’eczéma), tremblements (voir vidéo sur youtube : "tremblement du poignet et de la main") , Tendinite de De Quervain, arthrose des doigts (douleurs digitales, arthrose du pouce, rizarthrose), un syndrome de Raynaud …
Il peut s’y ajouter une raideur du poignet ou un blocage du poignet (en particulier après une suture du ligament ou mise en place d'une prothèse) ou de l'épaule (capsulite épaule, voir article de Crymble), des signes moteurs avec lâchage d’objets, perte de force et difficulté dans les gestes fins (coudre ou épiler). L’aboutissement peut être une perte totale de sensibilité avec amyotrophie des muscles de la main (thénarienne).
Le diabète, les atteintes de la thyroïde, la polyarthrite rhumatoïde... favorisent ce syndrome.
Diagnostic :
Des tests cliniques permettent de confirmer le diagnostic, tels que le test de Phalen : déclenchement de la douleur à la mise en flexion prolongée du poignet, le signe de Pseudo-Tinel (syndrome irritatif du nerf médian au poignet : déclenchement des signes électriques par la percussion du nerf médian au bord du canal carpien). Il faudra rechercher d’une hypoesthésie au test de Weber ou l’effleurement de la compresse sur les doigts, une amyotrophie thénarienne (fonte musculaire du pouce, se reporter aux photos, possible chez les enfants). L’examen clinique peut être aussi révélateur d’une compression associée du nerf cubital au coude. Il faut vérifier l’absence d’un doigt à ressaut ou ressort (crissement à la pression de la face palmaire du doigt).
Un bilan radiographique (poignet et main : Face et Profil) sera réalisé à la recherche de lésion osseuse associée ainsi qu’un électromyogramme (40% de faux négatif : EMG normal) pour essayer de confirmer le diagnostic de syndrome de canal carpien. Ce dernier précisera l’importance de l’atteinte (bloc de conduction) en vérifiant que le nerf médian n’est pas comprimé à un autre endroit. Il faudra rechercher aussi une éventuelle compression du nerf cubital qui est souvent associée.
Il faudra parfois faire une échographie (augmentation du calibre du nerf médian au canal carpien) ou une IRM du poignet (aspect d’œdème du nerf), pouvant aider à orienter le diagnostic.
Le diagnostic est essentiellement clinique même en cas de négativité des examens complémentaires (test d'infiltration de corticoïdes au canal carpien). Le patient peut être desespéré devant la négativité des examens
( article ELSEVIER )
Traitement :
En l’absence de traitement, les nerfs risquent de perdre leur fonction. Un traitement médical par infiltrations de corticoïdes et repos (attelle de poignet) est d’abord initié.
En cas d’échec du traitement médical ou d’une compression grave (effondrement des vitesses à l’EMG ou anesthésie des doigts ou encore amyotrophie), une intervention sera proposée.
L’intervention chirurgicale est le plus souvent réalisée sous anesthésie générale ou locorégionale.
Le chirurgien réalise d’abord une incision longitudinale dans l’axe du bord radial du 4 ème doigt (voie mini-invasive de 1.5 cm). Elle consiste en une ouverture du ligament annulaire antérieur qui est à la base de la compression du nerf, avec généralement une section simple de celui-ci. Une ténosynovectomie associée peut être également nécessaire.
Evolution :
L’hospitalisation est ambulatoire. La mobilisation des doigts et du poignet est immédiate. La cicatrisation se fait en 10 à 15 jours.
La libération du nerf médian est efficace sur les douleurs, avec souvent disparition immédiate des dysesthésies (exceptées dans les formes sévères) et permet le plus souvent en quelques semaines une totale récupération.
Une perte partielle de la sensibilité ou de la force motrice peut être observée, souvent en lien avec une compression très importante. Les résultats sont le plus souvent excellents, les complications rares. La force reste souvent limitée pendant plusieurs mois. Le degré de récupération reste imprévisible. Les récidives sont rares.
Complications :
L’hématome : comme toute chirurgie, il existe un risque d’hématome qui se résorbe en règle générale tout seul. Il peut exceptionnellement nécessiter une ponction évacuatrice ou un drainage chirurgical.
L’algodystrophie est un phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris. Elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois des années), entrainant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois prise en charge spécifique de la douleur. Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles.
La récidive est possible ce d’autant qu’il existe une neuropathie (anomalie profonde du nerf).
L’infection profonde est possible. Elle peut nécessiter une nouvelle chirurgie et un traitement prolongé par antibiotiques. Il est fortement déconseillé de fumer, pendant la période de cicatrisation, le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection, ou de consommer des substances réprimandées.
Une atteinte nerveuse du nerf médian (pris dans un tissu fibreux cicatriciel ou section de celui-ci) est exceptionnelle (section partielle ou de la branche thénarienne).
Les cicatrices peuvent rester gonflées et sensibles pendant plusieurs semaines avec douleur à l’appui.
Une raideur temporaire du poignet et des doigts peut être observée et peut justifier une rééducation complémentaire.
VOIR :
Voir la vidéo sur les tremblements de la main et des doigts
MOTS-CLEFS :
Paresthésies - Tinel - Test de Phalen – Test de Weber - Névralgie cervico-brachiale – Conflit sous acromial - Douleur antérieure de l’épaule - Douleur du coude et du poignet - Prurit - Compression nerf cubital - Canal carpien - Amyotrophie thénarienne - Arthrose digitale- test d'infiltration aux corticoïdes- syndrome de raynaud - raideur du poignet ou blocage du poignet - rizarthrose - brûlures des doigts - syndrome de raynaud - engourdissements des doigts - doigts gourds - algodystrophie - fibromyalgie